Serges Cyrille Kooko, poète

Il est originaire et réside au Mali.
Son poème lauréat « Avec eux ! » évoque la perspective du harcelé qui chemine avec ceux qui le méprisent en attendant… Quoi ?
La douloureuse problématique du membre du groupe, ridiculisé au quotidien avec l’assentiment général. Vu de l’intérieur : quand ledit « boulet » est conscient qu’il est maltraité et qu’il est là « même si »… Implacable désarroi, mais sans jugement, pour mieux comprendre. 

 

« J’écris aussi parce que je ne peux faire autrement. »
Serges Cyrille Kooko, Prix Maurice Koné La Différence – Poésie 2020

 

Pourquoi écrivez-vous ?
Écrire pour moi est une façon de m’exprimer plus librement, de laisser libre court à mes états d’âme, à mes pensées parfois insensées et incongrues.
J’écris aussi parce que je ne peux faire autrement. C’est comme si cela faisait partie de mon ADN.

 

Vous étiez-vous déjà penché sur la notion de différence avant ce concours de poésie ?
Oui. J’en ai fais plusieurs écrits parce que j’ai moi même été confronté à ce problème et je trouve absurde et irresponsable d’essayer d’exclure ou de rejeter ceux qui ne sont pas comme nous.

 

Avez-vous une actualité littéraire (publication, blog) ou cette nomination est-elle une première pour vous ?
Oui, je prépare la sortie de mon nouvel ouvrage. Un roman intitulé : « Daleko: Ainsi s’appelait mon père ». Il sortira courant 2021.

 

Cette année. les poètes devaient introduire dans leur premier vers un des trois adverbes suivants : même si, encore ou peut-être, révélateur d’une perspective de la notion de différence. Serges Cyrille Kooko aura opté pour « Même si »…

 

 

Avec eux !

 

Même si j’étais avec eux

Ils faisaient semblant de m’accepter
Mais je me sentais mal au milieu
De ces sourires de façade
De ces ambiguïtés incongrues
De leurs amitiés inamicales

J’étais celui avec qui tous blaguaient
Mais que personne n’appréciait
Celui qu’on aimait détester sans cesse
Celui qui forçait pour être là

J’étais l’étranger au milieu
D’une clique de têtes à claques
Qui me donnaient des claques
Pour que vienne mon déclic

J’étais le mal aimé
Le mâle que personne ne voulait aimer
Le mal qui dérangeait cet ordre
Où être métèque est un désordre

J’étais celui dont on était embarrassé
De se débarrasser et dont la présence
Mettait dans l’embarras du débarras

Même si j’étais dans le groupe
Je ne faisais pas partie de la troupe !

 

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