Lauréats du concours « La Différence – Poésie 2020 »

Bravo à tous les participants !
Merci à tous les poètes qui ont partagé leur ressenti de « La Différence ».
Aux membres du jury international pour leur travail sur les poèmes.

Nous tenons à remercier tous ceux qui ont contribué au succès de cette édition inédite en ligne. Merci à nos partenaires, à nos honorables invités, aux lauréats des éditions 2018 et 2019, à Stoni Dèh, lauréat 2019 des trophées « Culture et mieux être La Différence », à Lerie Sankofa et son orchestre, au Dr Joël Des Rosiers, ainsi qu’aux scientifiques et chercheurs dont les travaux mis à disposition pour le grand public nous auront permis d’élaborer les dossiers à thèmes de cette année sur la poésie du quotidien.

Une dédicace spéciale à tous ces employés des réseaux sociaux et des plateformes internet (Facebook, Google, Zoom…) qui nous permettent chaque jour de rester en contact et qui ont permis la réalisation de cette édition en ligne de La Différence 2020.

 

Une édition particulière 

Pour cette édition unique sous Covid-19, l’utilisation recommandée de l’un des trois adverbes (même si, encore ou peut-être) rendait la tâche plus subtile. Exprimer ainsi sa notion de différence poétiquement sous un angle bien particulier : l’opposition, l’hypothèse, la requête ? Mais sans pénaliser la force de la thématique…

 

LES LAUREATS

 

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Le Prix spécial La Différence (toute catégorie confondue)
MEME SI, ENCORE ET PEUT ETRE de Jean-Pierre Marie-Christiane (Aime Si)

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Seul poème de tous ceux qui ont été reçus à avoir utilisé les trois adverbes au choix dans le premier vers. La poétesse aura décider de ne renoncer à rien, et choisit de faire de ces austères adverbes l’armature de son écrit et l’explication de sa différence.

La différence, même si, encore et peut-être
Même si tu n’es pas pareil
Même si tu te sens différent
Respire, encore et encore
Peut-être que c’est dans ton corps ?
Peut-être que c’est dans ta tête ?
Peut-être que c’est le regard de l’autre qui t’embête
Respire, encore et encore

La différence c’est tout ce que l’autre voit
Devant ce qu’il ne voit pas
La différence c’est l’apparent
Devant l’invisible
C’est l’apparent dérangeant
Dans le regard du jugement
Et pourtant la différence
C’est le terreau du mystère de la création
La différence est une graine,
Une semence où commencent, où poussent,
Où s’élèvent d’autres graines
Graine, terreau, semence
D’une intelligence nourricière renouvelée

La différence est un cadeau, un joyau
Différence et distance…
Elle est sur la lune et toi sur terre
Qui de vous deux est terre à terre ?
L’errance est humaine
Droit de se perdre, devoir de se retrouver
Va et reviens
Différence, qui crée la distance ?

Mais non, allez viens danse
Un pas en avant, un de chaque côté
Côte à côte, main dans la main
Même si, parfois, encore et peut-être tu es différent
La différence est un cadeau du ciel
Une grande nappe tissée
Pour s’envelopper, pour s’attabler
La différence, même si, encore et peut-être.

 

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La Différence Prix Coup de Coeur
MEME SI CHAGRIN, TU CROIS TANT ET TANT EN MOI de Fabrice Selingant

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La comparaison des notes aura gardé son suspense jusqu’à la fin. Même si chagrin, tu crois tant et tant moi évoque la douloureuse situation d’un rescapé d’un « sale virus »… Différent jusqu’à quel point ? En plein Covid-19, le poème a un écho tout particulier.

 

Même si, chagrin, tu crois, tant et tant, en moi
Un deuil venu trop tôt, car je suis revenu
Guéri, peut-être, mais à jamais, le cœur nu
La déférence, mais pour moi, suis-je le roi ?

Le corps peut se vêtir de cent mille oripeaux
Des fringues de luxe, mes cris sont en guenilles
Tendres frissons, ne sont que d’ombres de charmille
Ce sale virus, las, n’aura pas eu ma peau.

J’ai repris le chemin du travail sans entrain
Apaisant l’épreuve, l’absence et la tristesse
Enlaçant mon trouble, ma simple politesse
Des examens, où tout va bien, toi, tu m’étreins.

Suis-je pareil ou différent, autre ou semblable ?
Embrassant le malheur, qui fait coupable d’être
D’autres manquent à l’appel, âmes de salpêtre
Mon existence lasse est un château de sable.

Curares, poisons des muscles, tétanisés
Kétamine, drogue de feu, aux rêves fiel
J’attends toujours, le prompt retour, du goût du miel
Esprit de caoutchouc, folie vulcanisée.

Je n’en dors plus que d’une oreille et que d’un œil
Le lit est ma tombe, plus scellée qu’un cercueil
S’écrivent des mots, simples bonds d’un écureuil
Tant de lignes sont-elles dignes d’un recueil ?

Au ciel d’étoiles, parmi des danseuses fières,
Ô magie du langage, les universaux,
De signes d’alchimie, comme autant de sursauts,
Moi, qui suis parmi vous, je reste de poussière.

 

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Prix Maurice Koné La Différence 2020
AVEC EUX de Serges Cyrille Kokoo

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En simplicité, les écrits abordent « la différence » en levant le voile en toute émotion poétique sur le ressenti face à une problématique d’échec ou d’absolu qui tient à cœur au poète.
Ici l’exclusion ne fait pas de doute, le plus troublant est le recul du rejeté sur sa propre situation…

 

Même si j’étais avec eux

Ils faisaient semblant de m’accepter
Mais je me sentais mal au milieu
De ces sourires de façade
De ces ambiguïtés incongrues
De leurs amitiés inamicales

J’étais celui avec qui tous blaguaient
Mais que personne n’appréciait
Celui qu’on aimait détester sans cesse
Celui qui forçait pour être là

J’étais l’étranger au milieu
D’une clique de têtes à claques
Qui me donnaient des claques
Pour que vienne mon déclic

J’étais le mal aimé
Le mâle que personne ne voulait aimer
Le mal qui dérangeait cet ordre
Où être métèque est un désordre

J’étais celui dont on était embarrassé
De se débarrasser et dont la présence
Mettait dans l’embarras du débarras

Même si j’étais dans le groupe
Je ne faisais pas partie de la troupe !

 

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La Différence – 1er Prix 2020 (Catégorie Jeunesse)
TOUS OISEAUX de Itoua – Sayi Rolvy

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Humains ou oiseaux ?

 

La différence, un poids, peut-être
Mais elle est aussi un symbole personnel
Pour distinguer chaque être
Et les rendre ainsi immortels
Le merle dans son coin chante sa solitude
Oiseau noir, qui connaît ta gnose profonde ?
Le rossignol sur son arbre chante sa béatitude
Oiseau qui nous rappelle la beauté du monde
Et la colombe sur son arbre perché
Libère sa candeur dans le vent
Elle purifie son espace de tout péché
Pourtant elle reste comme ce vieux faucon
Oiseau, oiseau comme tant d’autres
Comme ce vieux rapace diurne…

 

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La Différence – 1er Prix (Catégorie Adultes)
LE SOLEIL EST MORT de Odelin Salmeron

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Quand l’infiniment petit illumine nos ténèbres.

 

La différence se trouve peut-être
à chaque soir
quand l’on se couche
en une forme différente.
Lit et draps disparaissent
sous les cadavres.

Se réveiller dans le regard de l’autre
et découvrir ses hallucinations.
Maquiller les visages
avec l’encre rouge giclée du cœur.
Découvrir les coupables
des cauchemars.

Happer les minutes
qui passent
insectes menaçant de nous dévorer
déchirent les voiles
dans un rituel qui brûle le désespoir.

Cette différence qui nous mène
à ne plus nous reconnaître
à oublier le langage des noyés
et garder le cœur muet
c’est celle qui nous conduit
jusqu’au plus profond du mystère.

Arrêter de tourner en rond dans sa propre peau
retrouver sa conscience
la fatigue clouée dans le ventre
comme tant d’autres femmes auparavant.
Ôter les mains du corps de l’amant
les laisser reprendre la route vers l’absence.

Le soleil vient de mourir
les chemins se sont courbés
sous le poids du sang
et des membres amputés.
Comment garder un bouquet de lumière
si même la lune a été tranchée ?

Faire la différence
en mastiquant les mots
venus se poser derrière les lèvres
comme les oiseaux d’haute tension
se posent sur les câbles.
Puis changer l’horizon de place
transformant la mémoire
en délivrance.

Contre toute attente
sourd une musique.
Ce sont les vertèbres qui chantent
pleins d’étoiles —volées— dans leurs cellules.